L’orchidée a souvent la réputation d’être une plante fragile et délicate. Et bien mets ta ceinture car nous allons voir comment elle se débrouille dans son milieu naturel.
Où poussent l’orchidée dans la nature ?
Sache qu’il existe plus de 30000 espèces répertoriées. Elles ont su colonisé tous les milieux et tous les continents, en s’adaptant parfois à des situations extrêmes. Tu les trouveras du Nord de la Suède aux régions désertiques, du niveau de la mer à quelque fois plus de 3500m d’altitude, en passant par les forêts équatoriales, les falaises, la savane etc. Pour des plantes dites fragiles, ça commence plutôt fort 😉 PHOTO
Mais comment ont-elles pu traverser les mers et les océans ? Eh bien grâce aux insectes, aux chauves-souris et aux oiseaux qui permettent la pollinisation. Ces derniers transportent également les graines au gré de leurs migrations et voilà comment les orchidées ont envahi la terre !
ℹ️ Une autre hypothèse avancée par les experts est que seul un continent unique comme la Pangée aurait permis la distribution de ces espèces. Ceci grâce à la fracture des continents il y a 200 millions d’années.
Mode de vie de l’orchidée
T’es-tu déjà demandé comment vivent les orchidées dans la nature ? Certainement pas dans des pots en plastique. Il existe principalement 2 modes de vie :
Les orchidées terrestres
C’est le mode de vie le plus largement répandu d’un point de vue géographique. Pour autant ces orchidées qui poussent un peu partout ne représentent que le quart de l’ensemble des espèces.
Sous nos latitudes (climat tempéré), tu trouveras ce genre d’orchidées et tu pourras même les cultiver dans ton jardin. Ces orchidées poussent à même le sol. Elles développent feuilles, tiges et fleurs au printemps et en été et ont une période de repos marqué en hiver. Bref tu l’auras compris, elles se comportent tout comme les autres plantes de chez nous.
Ces orchidées ont un aspect moins spectaculaire que les orchidées épiphytes. Du coup, tu en trouveras rarement chez les collectionneurs. PHOTO
Parmi ces orchidées, tu trouveras notamment les Paphiopedilum, Pleione, Bletilla, Calanthe, Ophrys… PHOTO
Les orchidées épiphytes
Mais kesako ? Ces orchidées poussent sur les arbres ou sur les surfaces rocheuses (on parle alors d’orchidées lithophytes). Il s’agit du mode de vie le plus couramment répandu, notamment dans les régions tropicales.
Attention ne confonds pas parasite et épiphyte (à part la rime, rien en commun). En effet, les orchidées vivent en symbiose avec leur hôte, il ne s’agit pas d’un mode de vie parasite. Les orchidées s’accrochent grâce à leurs racines aux branches ou aux roches et se nourrissent des matières organiques décomposées que transporte l’eau de pluie quand elle ruisselle. De vraies pacifistes ☮ !
Pour te donner quelques exemples d’orchidées épiphytes, on retrouve les Dendrobium, Phalaenopsis, Oncidium, Cattleya… PHOTO
On vient donc de voir que les orchidées pouvaient soit pousser sur terre soit dans les arbres ou même sur des rochers. La diversité de leurs habitats les a conduites à développer des adaptations spécifiques que nous allons voir dans la partie suivante. Ça va devenir un peu plus technique, mais ne t’inquiète pas, on va te faire plein de photos et de petits dessins pour mieux comprendre. Et oui on est comme ça 😇
Les orchidées sympodiales
D’un côté nous avons les orchidées sympodiales comme Cattleyas, Dendrobiums, Cambrias…
Pour résister à la sécheresse, ces orchidées ont développé un « pseudobulbe ». Tu vas souvent entendre parler de pseudobulbe dans ce blog. Il s’agit un renflement plus ou moins prononcé à leur surface. (IMAGE)
Ils servent également de réserve nutritive pour les futures pousses.
Conclusion sur les pseudobulbes : ne les coupe pas quand ton orchidée a fini de fleurir. Tu risques de l’affaiblir. Une fois la floraison terminée, il te faut juste couper à la base les tiges qui partent du pseudobulbe. (IMAGE)
Quand est-il de la forme des pseudobulbes ? Eh bien il y a toutes les formes. Certains pseudobulbes ont des formes de cannes comme les Dendrobiums. D’autres une forme de poire comme les Cambrias. Le principal c’est qu’ils soient bien dodus et sans une ride. Sinon c’est souvent le signe d’une déshydratation.
Les orchidées sympodiales ont un potentiel de croissance limité. En effet, quand ton pseudobulbe arrive à maturité, il donnera directement des fleurs (cas des Dendrobium) ou des hampes (Cambrias, Cattleyas). Mais une fois la floraison terminée, il ne grandira plus ni ne donnera de nouvelles fleurs. Mais comme on te l’a dit plus haut, il ne faut pas le supprimer, il te faut juste couper la hampe. Car c’est à partir de cet ancien pseudobulbe que se formeront des nouveaux qui donneront à leur tour hampe et fleurs. Ces orchidées peuvent donc couvrir de grandes surfaces (SCHEMA)
ℹ️ Certaines orchidées qui grandissent dans des environnements où l’eau est rapidement disponible (dans les sous-bois par exemple) n’ont pas de pseudobulbes. Mais ils appartiennent quand même à la famille des orchidées sympodiales. C’est le cas des Paphiopedilum (appelés aussi sabot de Vénus) et des Phragmipedium.
Les orchidées monopodiales
De l’autre côté, on trouve les orchidées monopodiales dont l’exemple le plus parlant est l’orchidée Phalaenopsis. Ici, pas de pseudobulbes. Ces orchidées stockent l’eau dans leurs feuilles et leurs racines bien épaisses.
Ces orchidées ont un potentiel de croissance illimité. Pas de croissance en largeur mais plutôt une croissance en hauteur. En effet, de nouvelles feuilles sont produites en permanence à partir du bourgeon apical (sommet de la tige), de nouvelles hampes poussent régulièrement et une même hampe peut fleurir plusieurs fois. (SCHEMA)
Alors qu’en dis-tu ? Des astuces pour stocker l’eau et se nourrir sans parasiter son hôte… En attendant, la balance penche plutôt pour le titre de reines de la survie 😉.
Comment se reproduit l’orchidée ?
Très bonne question. Pour le moment, nous n’aborderons que 2 thèmes : les hybrides et les keikis. Pourquoi ? Parce que ce sont des modes de reproduction que les orchidées utilisent aussi dans la nature. Pour les autres techniques de multiplication, elles feront l’objet d’un futur article, car on voudrait avant les tester une à une.
Hybride tu as dit ?
Tu verras qu’ici on te parle souvent d’espèces hybrides (horticole serait plus juste) et botaniques. Si on te dit qu’horticole est plus juste qu’hybride c’est parce que dans la nature, les orchidées s’hybrident naturellement. Mais comme c’est naturel, on les considère comme des orchidées botaniques. Tu as mal aux cheveux ? Lis la suite, tu vas tout comprendre !
Quelques rappels des cours de sciences sur la reproduction des fleurs. Les insectes butinent le cœur des fleurs. En butinant successivement plusieurs orchidées ils vont parfois déposer du pollen (les gamètes mâles) dans les ovaires (appareil reproducteur femelle) d’une orchidée à l’autre. Il y a à ce moment-là fécondation. Et PAF ça crée une orchidée.
Dans la plupart des points de vente d’orchidées, une orchidée hybride signifie que l’orchidée a été manipulée par la main de l’homme. Il s’est amusé à faire des croisements et tu ne trouveras jamais ces hybrides-là dans la nature. D’où le fait que le terme horticole est plus juste qu’hybride.
La grande majorité des orchidées proposées dans les jardineries / grandes surfaces / fleuristes sont des hybrides crées par des spécialistes. Ces hybrides ont été étudiés pour être plus résistants et mieux adaptés à nos intérieurs.
Pour autant, ne crois pas que les orchidées botaniques vendues ont été ramassées à l’état sauvage puis mises en pot. Non, la plupart sont nées in-vitro et n’ont jamais connu la vie sauvage. Cependant, la reproduction a été réalisée qu’entre individus de la même espèce. Ce sont donc bien des orchidées botaniques, telles qu’on peut les trouver dans la nature.
Pour bien comprendre, on va comparer les orchidées et les félins. Les orchidées botaniques correspondent aux tigres et aux lions. Les orchidées hybrides seront des tigrons. C’est le résultat d’une expérience de l’homme qu’on ne retrouvera jamais à l’état sauvage.
On peut croiser le genre des orchidées (hybrides inter-génériques). Exemple :
- Le genre Cattleya * le genre Epidendrum = Epicattleya PHOTO
- Le genre Phalaenopsis * le genre Ascocentrum = Asconopsis PHOTO
Ou bien croiser les espèces d’orchidées entre elles (hybrides inter-espèces). Exemple entre 2 Phalaenopsis :
- Phalaenopsis Fidélité * Phalaenopsis Cini = Phalaenopsis Demoiselle de Rochefort PHOTO
ℹ️ Les hybrides portent le nom de leurs hybrideurs et les botaniques prennent le nom de leur découvreur.
Les Keikis
Le mot keiki signifie « bébé » en hawaïen. Un keiki est un clone de la plante mère.
Qu’est-ce qu’un clone ? C’est un être vivant (en l’occurrence notre keiki) engendré par un parent unique (notre plante mère) par voie asexuée (c’est-à-dire sans pollinisation au préalable). Décidément les orchidées ont de la ressource, elles font des bébés toutes seules !
Qu’elles sont les conséquences de ce mode de reproduction ? Eh bien déjà, le keiki sera identique d’un point de vu génétique à son parent (même patrimoine génétique). Il aura donc les mêmes caractéristiques mais aussi les mêmes anomalies (s’il y en a) que la plante mère. Par exemple le keiki d’un Phalaenopsis ayant une tige au centre de ses feuilles développera une tige au cœur de la plante tout comme la plante mère. Et il sera donc condamné à mourir.
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Ces bébés orchidées peuvent pousser à la base des plantes mais également sur une hampe florale, le sommet d’un pseudo-bulbe ou encore l’extrémité d’une canne.
Certaines espèces les produisent naturellement (surtout les Phalaenopsis et les Dendrobiums). Mais ils peuvent être également la manifestation de survie d’une orchidée malade. On peut voir çà comme une tentative désespérée de la plante à laisser un successeur derrière elle (encore un point pour la survie !)
En cas d’apparition de keikis, il te faudra donc inspecter ton orchidée sous toutes les coutures afin de déceler la présence de parasites ou d’éventuels problèmes de culture (mort des racines).
Pour faire simple, l’apparition de keikis peut avoir plusieurs origines :
- La plante mère est en bonne santé et/ou appartenant à un genre prédisposé à en donner (Dendrobium nobile et Phalaenopsis notamment). Du coup, no problemo c’est normal !
- La plante mère est mourante (de vieillesse ou asphyxie des racines). Elle produit un ou plusieurs keikis avant de mourir. Vérifie le système racinaire et l’absence de parasites puis rempote d’urgence si tu veux sauver ton orchidée.
- Un apport d’engrais mal dosé ou inadapté.
- Un dérèglement hormonal. Il existe des « pâtes à keiki » à base d’hormones de croissance pour stimuler ce phénomène.
ℹ️ Si ta plante se porte mal, tu trouveras des solutions dans notre tuto sur l’entretien des orchidées ou sur comment soigner les maladies. Si tu veux des conseils plus spécifiques, tu devrais jeter un œil à la section Un mois, une orchidée.
Le développement d’un keiki peut durer entre 6 et 12 mois (voire plus, le mien va avoir un an et il est encore tout petit). Il va falloir t’armer de patience. Un keiki n’a de bonne chance de survie que s’il a développé au moins 2 feuilles et 1 ou plusieurs racines de 5 ou 6 cm de long au moins. Ces racines lui permettront de s’ancrer dans le substrat quand le keiki ne sera plus relié à la plante mère il pourra entrer dans la cour des grands.
Si la plante mère montre de gros signes de faiblesse, tu peux être amené à détacher ton keiki avant qu’il ait un système racinaire suffisant. C’est aussi le cas si ta hampe sur laquelle est attaché ton keiki se met à sécher.
Tu ne risques pas grand-chose à tenter de le « sevrer » de la plante mère, car il est de toute façon condamné à mourir. En effet une plante qui va mal ou une hampe qui sèche n’amènera plus les minéraux et l’eau nécessaires au développement de ta plantule.
En générale, il suffit de faire pivoter délicatement la plantule pour la détacher ou de couper la hampe (on coupe 2cm au-dessus et au-dessous du keiki) avec un sécateur ou un ciseau stérilisé à la flamme.
Une fois détaché, rempote ton keiki directement dans de la sphaigne ou dans un substrat à base d’écorces de pin (granulométrie fine 10-15mm).
Tu te souviens de notre orchidée Phalaenopsis Emma ? Elle nous avait fait un keiki. Malheureusement, la tige commençait à sécher et la plante mère allaient mal. J’ai donc pris la (lourde et douloureuse) décision de couper la hampe et de mettre notre bébé en sphaigne. Comme dit précédemment, nous ne risquions pas grand-chose puisqu’il serait mort de toute façon sur sa hampe toute sèche.
Moins d’un mois plus tard, il a l’air de se porter plutôt bien même s’il n’a pas beaucoup grandi. Il est toujours « en couveuse » bien au chaud dans son lit de sphaigne. Et nous avons comme l’impression qu’il nous prépare une nouvelle racine. IMAGE
ℹ️ Tu ne connais pas Emma ? Mince tu n’as pas dû recevoir le faire part. Je t’invite à découvrir toute nos plantes dans cette petite présentation.
Conclusion
Pour le moment on a surtout parlé des points forts des orchidées. On est encore en train de rédiger leurs points faibles mais n’étant pas du tout objectifs on a tendance à un peu repousser cette partie 😀.
Mais connaissant quand même leurs faiblesses, tu peux me croire si je te dis qu’elles s’y connaissent niveau survie. Je pense que leur réputation du plantes fragiles vient du fait qu’elles nécessitent des attentions particulières comparés aux plantes que l’on a l’habitude de cultiver en France.
Du coup, respect petites orchidées !